Autrefois privilège du médecin, la mesure de la pression artérielle a cessé de l'être. On trouve des tensiomètres partout. Et dans chaque pharmacie, on peut prendre sa tension.
L'autodiagnostic, voie nouvelle, comporte pourtant des risques. L'hypertension n'est pas une simple question de chiffres. Divers facteurs peuvent les fausser. Une pression trop élevée, c'est quelque chose de grave puisque cela peut retentir sur des organes majeurs, dont la surveillance est du ressort médical.
Néanmoins, cette facilité à s’auto-contrôler permet à chacun de mieux se connaitre et de se surveiller. En tout cas, il ne suffit pas de prendre sa tension, encore faut-il bien la prendre et tout comprendre sur l'hypertension. C'est pourquoi Tour de France des alternatives répond aux questions que vous vous posez.
1. Suis-je hypertendu ?
Une question qui préoccupe bien des gens. Que signifient ces deux chiffres ainsi constatés alors même que, le plus souvent, on ne souffre de rien ?
Doit-on ou non se considérer comme hypertendu et, par la même, comme un malade en danger ?
Les deux chiffres qui apprécient la pression artérielle, n'ont rien de mystérieux. Ils ne sont que les témoins d'un état circulatoire.
Le plus élevé, dit systolique, correspond à la poussée sanguine en provenance des contractions du cœur, Il mesure la force pulsatile s'exerçant au niveau des artères.
Le plus faible, dit diastolique, traduit par contre la force circulante de retour, celle qui existe au niveau des veines.
Mais, là également, le cœur intervient car il constitue une pompe non seulement refoulante mais aussi aspirante.
Afin d'assurer une irrigation de l'ensemble de l'organisme et tout particulièrement de la région haute du cerveau qui impose une montée ascensionnelle sanguine, il est indispensable que la pression artérielle soit toujours à des chiffres constants et suffisants. Cette maintenance tensionnelle de sécurité dépend de divers intervenants et, en particulier, de certaines sécrétions des glandes surrénales.
On ne peut parler d'hypertension qu'au-delà de certains chiffres. Les tables statistiques qui rapportent ces derniers en fonction des âges n'ont rien d'absolu. Elles ne sont qu'indicatives mais doivent néanmoins servir de références (voir tableau).
Par exemple, chez un adulte de 40 ans, la normalité se situe entre 130 et 145 mm (soit 13 et 14,5 cm) au maximum pour la systolique et 70 à 80 mm (soit 7 à 8 cm) pour la diastolique. Le véritable chiffre d'alerte pour une hypertension n'est pas le plus élevé mais le plus bas. Si ce dernier se révèle être à 95 ou 100 mm (9,5 ou 10 cm), alors même que la systolique n'outrepasse pas 130 ou 140 mm (13 ou 14 cm), il y a véritablement hypertension artérielle, Autrement dit, il vaut mieux avoir une pression artérielle de 170/80 mm (1 7/8 cm) que 130/95 mm (13/9,5 cm).
2. Puis-je prendre moi-même ma tension ?
Chacun peut évidemment prendre lui-même sa tension. Mais attention, si les habituelles mesures de son propre poids ou de sa température en cas de fièvre sont peu susceptibles d'erreurs, il n'en va pas de même pour celles de la pression artérielle. Même si les appareils automatiques sont des plus perfectionnés, leur fiabilité est liée au respect de certaines règles :
- Un repos d'au moins dix à quinze minutes et le plus au calme possible est nécessaire avant toute prise tensionnelle. Juste après un effort ou dans un moment d'agitation, une élévation réactionnelle transitoire peut faire croire à une hypertension qui n'existe pas.
- Si vous utilisez un brassard tensiomètre, il doit être placé de préférence au bras gauche, celui où les chiffres sont en principe les plus forts, compte tenu d'une relation circulatoire assez directe avec le cœur.
- La position assise est souhaitable.
- De même, il faut effectuer les mesures de préférence à heures fixes et toujours dans les mêmes conditions de lieux ou d'environnement. En l'absence de ces quelques règles, les comparaisons de chiffres risquent d'être faussées.
- Des prises, régulièrement espacées, sont souhaitables mais deviennent inopportunes si trop souvent renouvelées, par exemple au cours d'une même journée. Pour un autocontrôle tensionnel, d'accord, mais à condition de n'en user qu'avec sagesse.
3. Ma tension est-elle stable ?
Votre tension, tout comme celle de vos amis et voisins, présente certainement des variations plus ou moins importantes. En cela, rien d'inquiétant car l'organisme doit adapter sans cesse sa pression artérielle aux efforts inhérents à ses activités.
Lors d'un travail de force ou d'une course, les besoins sanguins s'accroissent au niveau des muscles, Pour satisfaire cet appel transitoire, la pression ne peut que monter. Entre positions de- bout et couchée, les variations peuvent également être très marquées, Toute chute de pression, lorsqu'on se relève brusquement d'un lit, traduit une hypotension dite orthostatique, avec risque de malaise.
Afin de vérifier les capacités d'adaptation, les médecins spécialistes font effectuer des épreuves dites d'effort sur bicyclette ergométrique ou sur tapis roulant. On réalise ainsi des « profils tensionnels », révélateurs d'éventuelles défaillances, évidemment imputables à un défaut d'adaptation cardio-vasculaire,
Autre surveillance pleine d'enseignements, celle d'un enregistrement continu de la pression artérielle sur les vingt-quatre heures, grâce à des appareillages portatifs, Les tracés obtenus renseignent sur les différents à-coups tensionnels survenus au cours de la journée.
Si, à la suite de chiffres assez élevés durant le jour, on ne constate pas de fléchissement au cours du sommeil, cela traduit une hypertension certaine. A signaler qu'il est fréquent de constater des chiffres plus élevés chez le médecin que chez soi en autocontrôle. L'appréhension d'un environnement médical et la présence de blouse blanche suffisent souvent à créer un état passager de stress, inducteur de poussée tensionnelle. Autrement dit, bien savoir que le médecin, bien que sympathique peut être parfois "agent d'hypertension".
4. Est-ce une question d'âge ?
Le tableau des normalités tensionnelles montre à l'évidence que les pressions artérielles s'élèvent avec l'âge,
De 110/80 mm avant vingt ans pour atteindre 150/80 mm après la cinquantaine. Cette progression, de caractère purement physiologique, correspond à des résistances circulatoires périphériques, en relation avec le durcissement des vaisseaux.
Pour vaincre ces résistances et maintenir une irrigation des territoires les plus distaux, la tension ne peut que monter. C'est là une loi classique de l'hydraulique.
Plus les conduits se rétrécissent ou perdent de leur élasticité, plus il faut accroître la pression.
Mais bien d'autres facteurs peuvent intervenir, En tout premier, celui de l'hérédité qui explique la plupart des hypertensions ou tout au moins les tendances hypertensives constatées chez les enfants ou les personnes encore jeunes.
Des malformations congénitales, situées essentiellement au niveau des reins ou des glandes surrénales, sont susceptibles d'être à l'origine d’une d'hypertension précoce. Dans de tels cas, la sanction relève plus d'un acte chirurgical que de médications hypotensives et permet d'obtenir de brillants résultats après l'opération.
Les facteurs hormonaux interviennent également, A la ménopause ou à la suite d'ablation des organes ovariens par exemple, les femmes présentent d'assez caractéristiques élévations tensionnelles.
Toutefois, et bien plus que par l'âge ou les hormones, l'état tensionnel se trouve conditionné par le mode et les habitudes de vie. Les abus de table ou les activités fébriles expliquent en effet un très grand nombre d'hypertensions, surtout celles qui sont constatées après la cinquantaine.
5. Les maux de tête sont-ils signe d'hypertension ?
La moindre douleur au niveau de la tête inquiète. Ressentie de longue date et sous forme de crises intermittentes, elle traduit presque sûrement un état migraineux. Malgré son intensité parfois importante, obligeant à cesser toute activité et à se réfugier dans l'obscurité, une telle manifestation ne relève pas d'une poussée hypertensive,
En effet, dans les cas de migraine, les vaisseaux cérébraux tendent à être trop dilatés et exigent un traitement par médications constrictives, autrement dit l'inverse de ce qui s'impose lors d'une hypertension. Par contre, des maux de tête inhabituels, survenant surtout au réveil et après la cinquantaine, doivent mettre en alerte. Un contrôle tensionnel s'impose.
Autres troubles qui peuvent être révélateurs et à ne jamais négliger : bourdonnements ou sifflements d'oreille, sensations visuelles de mouches volantes, déséquilibre de marche, impressions vertigineuses, saignements de nez ou simple difficulté d'endormissement alors qu'auparavant le sommeil était toujours immédiat.
Néanmoins, il ne faut pas attendre la survenue de telles manifestations pour effectuer des surveillances tensionnelles régulières. Des hypertensions sévères avec des risques d'accidents circulatoires brutaux sont parfois longtemps silencieuses, et cela d'autant plus chez les personnes de grande activité et présentant un aspect florissant de santé.
6. Quels examens va-t-on me faire ?
Une fois le diagnostic d'hypertension porté, divers examens vont probablement être demandés. Il ne faut pas s'en étonner. C'est une décision de sagesse. Les investigations exigées ont un double but, D'abord celui de rechercher la cause de l'excès tensionnel.
Dans de nombreux cas, l'origine du mal provient d'un déficit de la fonction rénale. On parle alors de néphrite hypertensive. Une radio par urographie intraveineuse sera peut-être nécessaire ou, mieux, une angiographie numérisée si l'on soupçonne une atteinte des artères rénales.
Des dosages du sucre sanguin s'imposent également, car diabète et hypertension vont souvent de pair, surtout chez les obèses. Diverses autres analyses biologiques sont utiles.
Un taux élevé de cholestérol incline à rendre l'artériosclérose responsable de l'hypertension. Les différentes hormones (rénine, aldostérone, catécholamines) impliquées dans les processus hypertensifs méritent aussi d'être dosées,
Mais les investigations prescrites ne se limitent pas à rechercher la cause de l'hypertension, elles ont aussi pour but d'apprécier les éventuels retentissements indésirables, autrement dit les méfaits de l'élévation tensionnelle sur les principaux organes les plus menacés : cœur, rétine, particulièrement.
Les examens peuvent donc être nombreux, chez le cardiologue ou l'ophtalmologiste par exemple.
Toutes les méthodes les plus modernes d'exploration, avec notamment échographie, doppler, scintigraphie ou scanner, peuvent être ainsi mises en œuvre.
Le vrai bilan d'une hypertension va donc bien au-delà d'une simple surveillance des chiffres d'un tensiomètre.
7. Hypertension : Peut-on être soigné sans médicament ?
L’hypertension artérielle ne signifie pas forcément médicament anti- hypertenseur, Chez les personnes du quatrième âge, une médication hypotensive risque même d'être plus néfaste qu'utile, car inductrice d'éventuelles chutes tensionnelles, n'assurant plus suffisamment l'irrigation du cerveau.
Chez les sujets plus jeunes, les prescriptions médicamenteuses sont loin d'être systématiques et ne s'imposent, par exemple, avant 60 ans d'âge, que si la pression diastolique dépasse 95 ou 100 mm. Elle demeure également nécessaire si les explorations réalisées ont montré un retentissement dangereux sur le cœur, les reins ou les vaisseaux cérébraux.
Dans la plupart des cas, les premiers conseils médicaux sont d'ordre hygiéno-diététique. Ils se révèlent le plus souvent suffisants pour faire s'abaisser les chiffres excessifs, Parmi ces conseils salutaires, d'abord, pour ceux qui ont un excès de poids par rapport à leur taille, celui de faire maigrir.
Chez un homme de 1,70 m pesant 90 kg, une perte de dix kilos fait parfois, à elle seule, fléchir la tension de 15 à 20 mm !
Autres effets bénéfiques, tous ceux obtenus par des exercices de relaxation, des promenades au grand air, du sport à modéré, bien sûr, et une certaine tempérance de table.
8. Sel ou pas sel ?
Le débat reste encore partiellement ouvert. Mais il a perdu de son acuité depuis que de récents travaux pharmacologiques ont montré que la tolérance à ce condiment était très variable d'un hypertendu à l'autre.
Certes, l'élément sodium du chlorure de sodium, qui n'est autre que le sel banal, exerce une action hypertensive incontestable, s'objectivant chez l'animal d'expérience. Aussi demeure-t-il logique d'en interdire l'usage chez les hypertendus.
Tout abus de sel ne peut être que dangereux, Il ne faut pas resaler à table ni consommer sans retenue des mets notoirement surchargés en sel comme les charcuteries ou certaines conserves,
De même, il importe de se méfier de la plupart des médicaments effervescents qui doivent leurs plaisantes petites bulles à de fortes teneurs salines.
Mais vouloir imposer des régimes absolument sans sel aux hypertendus apparaît de plus en plus comme un non-sens. Restriction ne doit pas signifier interdiction. Hormis pour les cas d'hypertension s'accompagnant d'atteintes rénales graves ou d'œdèmes, pour tous les autres les règles diététiques à respecter méritent d'être beaucoup moins sévères qu'autrefois. C'est ainsi que les eaux minérales fortement bicarbonatées sodiques et, à ce titre, longtemps prohibées chez les hypertendus viennent récemment d'être considérées comme non hypertensives. Leur sodium lié à un radical bicarbonate s'est en effet révélé d'action tout à fait différente de celle d'un sodium sous forme de chlorure.
9. Tabac, graisse, alcool : le tiercé perdant
L'hypertension a pu être qualifiée de maladie du trop-bien-être. Parmi les populations qui échappent aux richesses et aux stress de toutes sortes des civilisations occidentales, les hypertendus sont rares.
Chez les Esquimaux, les atteintes cardio-vasculaires demeurent exceptionnelles et les pressions artérielles restent basses. Frugalité et vie au grand air maintiennent la forme tensionnelle.
Les atmosphères enfumées et les nourritures trop substantielles concourent à des élévations de pression. La nicotine d'une cigarette exerce un effet constrictif sur les vaisseaux et provoque une hypertension provisoire pouvant devenir permanente.
La relation néfaste entre tabac et pression est bien connue, mais moins connue l'inactivité des bêta-bloquants chez les hypertendus qui fument. Le tabac neutralise l'action de tels médicaments.
Autre facteur de risques hypertensifs, celui des excès de graisses saturées.
Fritures, charcuterie et pâtisserie en recèlent d'abondance. Les processus d'artériosclérose s'accélèrent sous l'effet de telles consommations et, avec eux, les montées tensionnelles.
Privilégiez les huiles végétales et compléments diététiques à base d'huiles de poisson.
Quant à l'alcool, sa première action se manifeste sous la forme d'une vasodilatation, donnant une impression de chaleur. Cette heureuse réaction n'est qu'assez transitoire. Lors de tout abus prolongé de boissons alcoolisées, un retentissement sur la tension est à craindre. D'après les statistiques, on évalue à plus de 10 % le taux des cas d'hypertension imputables à un alcoolisme chronique.
Autres facteurs hypertensifs insoupçonnés, la consommation de confiserie ou de boissons à base de réglisse, de pastis sans alcool et l'usage de décongestifs du nez, administrés sous forme de pulvérisations.
10. Médicaments antihypertenseurs dits de « première intention » *
CLASSES THERAPEUTIQUES | PRINCIPAUX PRODUITS ** | PROPRIÉTÉS | ATTENTION ! |
Bêta-bloquants | Acebutolol
Atenolol Bisoprolol Métroprolol Pindolol Propranolol Oxprenolol Tertatolol |
Bloquent les sites récepteurs des substances vasocontrictives. Régularisent le rythme cardiaque et réduisent la consommation d'oxygène du muscle du cœur. | Ne jamais interrompre brusquement un traitement de bêta-bloquants en cours.
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Inhibiteurs de l'enzyme de conversion | Enalapril
Captopril Ramipril |
S'opposent à la transformation dans le sang de l'angiotensine dite I en une forme dite Il très constrictive pour les vaisseaux. | Ne doivent pas être utilisés chez les femmes enceintes ou allaitantes. Traitement à toujours commencer par doses faibles.
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Inhibiteurs calciques | Nifédipine,
Nicardipiner Nitrendipine Diltiazem Vérapamil |
Agissent sur la musculature lisse des artères favorisant leur dilatation. En levant les résistances circulatoires périphériques ou coronaires. | Par suite des effets de vasodilatation, peuvent donner des bouffées faciales (« flush » réactionnels passagers).
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Diurétiques | Furosémide,
Hydrochlorothiazide Clopamide, Polythiazide Spironolactone Indapamile |
Activent les fonctions d'élimination hydrique des reins. Selon les produits, action à différents niveaux des reins. | Très utiles lorsqu'il y a des œdèmes. Mais de pertes en éléments minéraux (potassium). |
* "Première intention" : Antihypertenseurs recommandés par I'O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé) et pouvant être suffisants, pris seuls ou en association entre eux pour traiter la majorité des hypertensions artérielles. Si un seul médicament prescrit, il s'agit de monothérapie. Si deux ou trois médicaments (ex. : bêta-bloquant + inhibiteur calcique), il s'agit de bi ou trithérapie.
** Principaux produits cités : liste non exhaustive.