Des centaines de substances volatiles sont dégagées dans nos habitations. En particulier par les matériaux utilisés pour la construction ou la décoration (peintures, vernis, moquettes, meubles...) et par les produits d'entretien.
Sont-elles dangereuses pour la santé ?
Financé par les ministères du Logement, de la Santé et de l'Environnement, et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur a lancé, en 2013, une campagne de mesure de l'air intérieur dans 720 logements en France.
Les résultats sont sans appel : oui les matériaux choisis peuvent avoir une conséquence directe sur notre santé.
Une campagne pour améliorer l'air intérieur
Il s'agit de déterminer les sources de polluants. En dehors des allergènes traditionnels (animaux, acariens...), on mesure les taux de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone, de particules inertes (tabac, diesel, poussières...) et de composés organiques volatils (COV). Vingt COV sont actuellement mesurés, dont le benzène et les aldéhydes, les dangereux.
En attendant, il est possible d'anticiper. En choisissant des l'écoproduits", même si la plupart ne sont pas irréprochables. Soyons d'abord attentifs aux labels : NF Environnement ou Ecolabel (la petite fleur étoilée). Ces deux normes garantissent un niveau minimum de sécurité sanitaire et environnementale, mais aussi de qualité du produit. A noter que l'Ecolabel est plus strict que la norme française.
Vigilance, ensuite, quant aux étiquettes.
D'une part, parce que les éco-produits ne sont pas toujours mis en avant chez les distributeurs. D'autre part, parce qu'un produit non labellisé n'est pas forcément mauvais. La plupart des produits naturels, par exemple, n'ont pas de labels.
Le Dr Catherine M. milite pour une plus grande transparence dans ce domaine : « Il n'existe pas de démarche qualité santé pour les matériaux et produits de la construction à l'instar de la Haute qualité environnementale (HQE) pour les bâtiments tertiaires. Mais on peut d'ores et déjà choisir des produits faiblement émissifs en COV : des produits sans solvants ou des revêtements ne contenant pas ou peu de fibres, toujours un peu suspectes à mon avis. »
Les solutions isolantes
Aujourd'hui, la tendance est aux murs auto-isolants dans les nouvelles constructions. Ces produits ne nécessitent pas l'ajout d'un isolant. C'est le cas avec le béton cellulaire, mais surtout le monomur terre cuite, la pierre ponce, encore plus écologique. Pour ceux qui veulent améliorer leur isolation, il faut avant tout réfléchir aux critères environnementaux : climat, murs (béton, brique...), orientation des pièces (nord, sud…), pièces à isoler (cuisine, salle de bains... etc.).
Laines de verre ou de roche : C’est l'isolant le moins cher (5-6 €/m2). Tant qu'elle est parfaitement étanchéifiée, il n'y pas a priori de risque pour la santé. Mais il faut être extrêmement précautionneux lors de sa mise en œuvre et, surtout, lors de son retrait.
Laines de bois, de mouton, de chanvre, de lin, ouate de cellulose, liège, plume de canard... tout est question de feeling avec les matériaux naturels et de... budget 9-10 €/m2 pour le chanvre, 16 €/m2 pour l'ouate de cellulose, 20 €/m2 pour le liège. Aussi respirants soient-ils, ils ne résolveront pas les problèmes d'humidité de certains murs.
Dans ce cas, il sera alors nécessaire d'ajouter un panneau freine-vapeur et d'installer une ventilation mécanique contrôlée pour limiter la condensation.
Revêtements des murs
Papiers vinyles : le vinyle, c'est du plastique. Et le plastique n'est pas biodégradable, émet des composés organiques volatils et est propice au développement des moisissures et acariens.
Peintures en phase solvant (peintures à l'huile ou glycéro) : la moitié du pot part en COV ! Non seulement elles sont nocives à l'application (maux de tête, mais elles ont aussi un effet nausées... dans le temps. Un effet "de puits", décrit par le Dr Déoux : « Les COV sont absorbés et rejetés dans l'atmosphère par la plupart des revêtements textiles (moquettes, tissus d'ameublement), parfois pendant plusieurs mois, voire des années. »
Certains industriels travaillent néanmoins pour obtenir des solutions sans solvants à base de résines, mais sans garantie de biodégradabilité.
Tissus muraux : à éviter ! D'une part, certains contiennent du formaldéhyde, classé cancérogène depuis juin 2004.
D'autre part, ils absorbent et rejettent les COV dans l'atmosphère et sont de vrais pièges à poussière.
Peintures en phase aqueuse (peintures à l'eau ou acryliques) : elles contiennent aussi des solvants, mais en moindre quantité. Il faut différencier les peintures à l'eau à base de résines alkydes (moins de 10 % de solvants dans le produit) et les "pures acryliques" formulées sans solvant (en réalité moins de 1 %).
Cela ne signifie pas pour autant qu'elles sont exemptes de substances nocives, mais elles en contiennent moins que les glycéros.
Peintures naturelles : à la chaux, à la caséine, aux silicates... "Naturel" ne signifie pas sans danger. Elles aussi contiennent des substances responsables de céphalées ou d'irritation des yeux au moment de l'application, mais quinze à vingt fois moins que les peintures synthétiques. En plus, elles sont équivalentes en prix et en qualité de rendu.
La chaux : elle est bactéricide et perméable à l'eau (elle laisse le mur respirer). Elle est très appréciée pour les enduits et finitions intérieurs. Avec des pigments naturels, voire des gouaches, on peut obtenir des couleurs vives (sur un enduit frais) ou plus pastel (sur un lait de chaux). C'est simple, ludique et plus économique qu'un pot de peinture à l'eau !
Pour les sols
L'Ecolabel existe pour certains revêtements naturels (pierres, carreaux...), ainsi que le label Gut pour les moquettes. Pour les colles, choisissez de préférence les formulations sans solvants ou faiblement émissives (classées ECI).
Les moquettes : elles constituent de bons isolants, mais elles émettent des COV, sont des nids à poussières, acariens et micro-organismes, et se nettoient difficilement. À éviter chez les personnes allergiques ou asthmatiques.
Utilisez plutôt des moquettes sans colle (avec envers en feutre) ou des colles sans solvants.
Les tapis en fibres végétales (coco, sisal, jonc de mer...) : ils émettent moins de composés organiques volatils que les moquettes, mais ne sont guère mieux en matière de nettoyage.
Le lino : pas le sol PVC qui contient des métaux lourds et des COV. Non, le vrai lino, constitué d'huile de lin et de liège : confortable, antistatique et facile à nettoyer, il est recommandé pour les chambres d'enfants et les personnes allergiques.
Carrelage ou tommettes : c'est esthétique et facile à nettoyer, mais pour le bruit, ce n'est pas l'idéal. Installez une sous-couche acoustique afin d'amortir les bruits de pas.
Le bois : c'est un excellent revêtement autant pour les sols que pour les murs. Ce qui ne l'est pas, c'est son traitement (huiles, vernis, cires, insecticides, fongicides... ) fortement émissif (dont les lindane, furane et dioxines !). Préférez des traitements naturels : certaines marques de peintures naturelles proposent également des vernis, cires, insecticides...
Où faire évaluer l'air de son logement ?
Vous pouvez vous adresser aux services santé et environnement des DDASS, laboratoire d'hygiène de la ville de Paris pour la région Ile-de-France, aux consultations pathologies professionnelles et environnementales des centres antipoison.
Les demandes devront être motivées par un diagnostic médical.
Vous pouvez vous adresser à des sociétés privées qui effectuent ces mêmes mesures à votre demande, mais il vous en coûtera quelques centaines d'euros.
Peinture : les bons gestes
- Enlevez les meubles de la pièce.
- Laissez les fenêtres ouvertes (même en hiver).
- Fermez la porte pour éviter la propagation des COV aux autres pièces.
- Ne peignez pas en présence d'enfants.
- Ne peignez pas si vous êtes enceinte.
- Quand tout est fini, laissez la fenêtre ouverte et attendez au moins 72 heures avant d'occuper la pièce.
Attention : Si vous devez remplacer une peinture ancienne qui contient du plomb, adressez-vous à un spécialiste.