Non polluant, excellent pour la santé, le vélo s’affirme comme la solution aux problèmes d’environnement et de santé publique. Les décideurs politiques s’engagent aujourd’hui en faveur de ce transport d’avenir.
L'homme contemporain est paradoxal : il exerce en nomade une activité sédentaire. Autrement dit, s’il se déplace (en voiture) pour aller au travail, celui-ci s’exerce généralement dans l’immobilité. Les conséquences en terme de santé publique sont doublement désastreuses: il pollue, côté pile, et se détruit la santé, côté face. Côté pile, les transports seraient en effet, selon certaines estimations, à l’origine de 40 % des polluants atmosphériques. Côté face, selon l’Institute of Health Sciences — université d’Oxford — 36 % des maladies cardiovasculaires seraient dues au manque d’activité physique. Cherchez l'erreur !
Supprimer le stress de l’embouteillage
À ces problèmes, certains ont depuis longtemps apporté une réponse : favoriser la pratique du vélo ou de patin à roulette comme mode de transport. Plus de la moitié des déplacements des citadins s’effectuent sur un parcours de moins de trois kilomètres, la distance idéale à parcourir en vélo (ou en roller), qui correspond à environ un quart d’heure de trajet.
Inciter cette population au vélo permettrait ainsi de diminuer la pollution atmosphérique de 20 %. De plus, cette pratique quotidienne d’un quart d’heure de vélo par jour se trouve être la traduction concrète des recommandations de l’OMS en matière de santé publique. Une telle activité diminue en effet le risque de maladies cardiovasculaires, ainsi que celles liées au diabète. En augmentant la masse osseuse, cette hygiène de vie réduit aussi les risques de fractures à la ménopause. Il semblerait même que faire du vélo abaisse le risque de dépression, en atténuant le stress auquel est soumis tout automobiliste coincé dans un embouteillage.
Plusieurs études ont tenté de chiffrer cela, en calculant les dépenses induites par la sédentarité, dans différents pays d’Europe. Celles-ci oscillent entre 220 et 1 000 € par an et par habitant. Quand on connaît le coût d’une politique cyclable raisonnable, comme celle que met en œuvre à Strasbourg par exemple, qui est de 8 à 10 € par an et par habitant, on comprend mieux le choix de certaines municipalités en faveur du vélo.
Améliorer la qualité de vie
Probablement influencée par sa culture germanique, la ville de Strasbourg encourage ce mode de transport depuis près de trente ans. Le résultat est probant : alors que le vélo représente en France 3 à 4 % des transports mécanisés, ce chiffre atteint 10 % à Strasbourg, avec un pic de 27 % dans le centre-ville piéton. D’autres municipalités se sont lancées dans cette politique en faveur du vélo, particulièrement depuis la loi sur l’Air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (Laure), votée en 1996 et prônant un rééquilibrage de la voirie au profit des modes de déplacement alternatif à la voiture.
Des mesures simples à mettre en place
Si les associations en faveur du vélo sont évidemment satisfaites de cette évolution, elles estiment néanmoins qu’il est possible d’aller plus loin. Club des villes cyclables, Départements cyclables ou Fédération des usagers de la bicyclette (FUBicy), tous s’accordent à dire que le vélo pourrait, en cinq ans, conquérir entre 10 et 15 % de la part des transports mécanisés au niveau national. A condition de s’y mettre !
Ces associations dynamiques ne manquent pas d’idées : généralisation des zones 30 dans les centres urbains, “chèque-déplacement” sur le modèle des chèques-restaurants visant à favoriser les transports non polluants, généralisation du double sens cyclable, création de parking à vélo (la FUBicy propose ainsi de transformer une place de stationnement voiture sur cinquante en parking à vélo), possibilité de transporter son vélo dans les transports publics, développement de la “multimodalité”, c’est-à-dire le transport selon plusieurs modes : train-vélo par exemple.
On espère que ces actions ne s’arrêteront pas là, on continue !