Au-delà de la beauté de la nature, les bienfaits du jardinage sont nombreux, Cultiver son jardin permet de se ressourcer, d'oublier le stress, les émotions négatives, dans un environnement apaisant.
Du jardin, j'oublie tous mes soucis, la pollution, le stress, le bruit... Je fais le vide, et j'éprouve un plaisir simple, mais intense, qui me permet de relativiser les choses », affirment tous les passionnés de jardinage. D'où vient ce sentiment, sinon d'une forme de "méditation active" ?
Concentré sur des gestes modestes et répétitifs - biner, repiquer, planter, arroser... réfugié dans un univers qui protège et réconforte, jardiner libère des préoccupations du monde moderne. Les mains dans la terre, nous ressentons physiquement le cycle de la nature.
« Je vis l'alternance des saisons à travers les odeurs de mon jardin, confie Catherine, 57 ans, passionnée de jardinage. Fragrance fade de l'humus et des fruits en décomposition de l'automne, parfums éteints de l'hiver, senteurs délicates au printemps, et luxuriantes l'été... » L'écoulement du temps au jardin, avec ses rythmes immuables, peut rassurer les plus anxieux. « Certains veulent des jardins figés dans leur esthétique, or l'important, c'est d'aider les plantes à s'épanouir et de constater qu'elles poussent bien », affirme Hugues Peuvergne, jardinier paysagiste, créateur de jardins urbains et de cabanes.
La nature est à la fois figée dans le temps (les racines de l'arbre, les rochers) et en perpétuelle évolution. Réaliser cette ambivalence, et l'appliquer à sa trajectoire personnelle, procure une grande sérénité.
Sortir de l’enfermement
« En touchant la terre, on se reconnecte à un milieu vivant, qui capte les énergies négatives et nous surprend en permanence... C'est magique », estime Anne Ribes, l’ancienne infirmière, créatrice de jardins en milieu hospitalier.
Depuis sept ans, Anne accompagne chaque semaine les enfants du centre de pédopsychiatrie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière au jardin potager qu'elle a créé (50 m2 arrachés au béton, plantés de tomates, de poires...). Et tandis qu'ils se régalent de framboises, plantent des petites graines, se roulent dans l'herbe, les enfants aiguisent leur sensibilité.
« Ils sortent de l'enfermement dans lequel les a confinés leur maladie », s'enthousiasme Anne Ribes. Un simple bouquet de menthe a permis à Samira, 8 ans, autiste, de retrouver un souvenir d'enfance ; la mort d'une plante a soudain rappelé à Pierre, 8 ans, psychotique, la disparition de sa grand-mère.
Autant d'indices précieux pour le personnel soignant. « Chaque enfant a "son" élément : pluie, vent ou herbe. À son contact, il peut s'équilibrer », assure Anne Ribes.
Sous son impulsion, le jardinage thérapeutique commence à se développer en France. Pratiqué par de nombreuses associations outre-Manche et outre-Atlantique, et même enseigné à l'Université (aux Etats-Unis), il consiste à utiliser l'art du jardin au service des personnes vulnérables psychologiquement, physiquement ou socialement.
Après avoir répertorié les friches hospitalières, Anne Ribes a proposé aux hôpitaux de créer des jardins sur ces espaces verts à l'abandon, pour contribuer à soulager la souffrance des malades. Après le potager de la Pitié-Salpêtrière, elle a créé le jardin promenade à l'hôpital Fernand Widal, à Paris, et le "jardin des âges" du centre gériatrique de Colombes.
Des enfants de maternelle et des personnes âgées plantent et arrosent ensemble légumes et arbres fruitiers.
« La nature fait le lien entre les âges, explique Anne Ribes. C'est un bonheur très fort pour tous, atteint souvent au prix de grands efforts laver un radis devient une tâche immense ! »
Bien sûr, le jardinage thérapeutique n'est pas la solution à tous les maux, mais il est complémentaire d'une démarche plus médicalisée. Anne Ribes, qui a de nombreux autres projets, veut créer un réseau "d'Hôpitaux verts" pour le promouvoir.
Renouer avec ses racines
Outre les souvenirs du jardin de grand-mère ou du sapin de sa maison familiale, jardiner éveille aussi en nous un atavisme plus ancien.
« J'ai toujours été attirée par les forêts de sapins, raconte Catherine. Or, j'ai appris seulement à la mort de ma mère que mon grand-père possédait une exploitation de conifères en Pologne. »
Hasard ? Pas sûr. Des études, menées aux Etats-Unis et au Canada, semblent indiquer que des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, et dont la mémoire est défaillante, continuent de savoir repiquer une plante en replaçant bien la racine vers le bas et le feuillage vers le haut.
Elles conservent le savoir ancestral du jardinage, même après avoir oublié le nom de leurs proches. Connaître et comprendre d'où l'on vient aide à se construire des racines solides, bases d'un développement personnel plus harmonieux.
Semer ; c’est créer
« La nature ne juge pas, analyse Gilles Clément, paysagiste et théoricien du "Jardin en mouvement". On n'a aucune raison d'y être malheureux. » Dans ses jardins naturels, où les plantes vagabondent, où la biodiversité est protégée jusqu'au moindre insecte, on se sent choyé et libre. L'esprit et le corps semblent se réconcilier dans ces cocons.
Jardiner au naturel est à la portée de tous, et l'on éprouve un réel plaisir à supprimer les insecticides, les engrais chimiques et la corvée de tondeuse, à faire son compost (épluchures + feuilles mortes + gazon + papier journal doivent macérer quatre mois dans un bac surélevé), à laisser quelques herbes affoler les plates-bandes et, au final, à protéger sa propre santé.
« La dimension thérapeutique du jardin ne fonctionne que si le jardinier s'implique totalement, poursuit Gilles Clément. Il y a alors une résonance particulière entre soi et un territoire vivant, peuplé de petites bêtes qu'il faut découvrir et comprendre. » Mais on apprend aussi que notre capacité à modeler la nature n'est pas infinie. « J'éprouve un double sentiment de force et d'humilité, constate Catherine. De force, quand je plante un bel olivier ou que je travaille dans mes plates-bandes, par exemple, mais aussi d'humilité car je connais les limites de mon pouvoir, et cela fait avancer. »
Une vraie leçon des choses
Emerveiller, responsabiliser les enfants pour faire respecter le milieu vivant : c'est l'objectif des cours de jardinage.
À la Maison du jardinage de Bercy, à Paris, les questions fusent : "C'est sale, la terre ? ", "La tomate, c'est un fruit ou un légume ? "Le sol a combien de couches, il est nu en hiver ?" David, éco-éducateur, répond avec enthousiasme aux enfants, leur explique la reproduction des fleurs ou la création d'un compost naturel, avant de les lancer sur la chasse aux vers de terre. « Mais informer est plus facile que changer les comportements », soupire l'animateur.
Néanmoins, le jardinage est une fabuleuse source d'éveil. « J'aide les enfants à réaliser que les plantes sont belles, nourrissantes, soignent et colorent, et qu'elles ont de nombreux secrets à révéler », raconte Emilie, animatrice au Jardin d'acclimatation de Paris.
Leçons d'éveil, prés carrés, refuges propices à des pensées métaphysiques, petit luxe rien que pour soi, les jardins sont aussi des lieux d'échanges, où l'on aime s'asseoir pour discuter. Et le plaisir de tous les jardiniers, après des heures de travail (attention aux excès !), est d'inviter les amis et la famille au jardin, comme on offre un bon petit plat à ceux que l'on aime.
Cultiver un lien entre les générations
Elisabeth Lafosse, professeur de philosophie, vient de recevoir le 3e prix du trophée Terre des Femmes 2004 décerné par la Fondation Yves Rocher et l'Institut de France. Elle a créé un jardin au sein de l'association bordelaise "Villa Pia", qui réunit une maison de retraite et une maternelle.
« J'ai eu envie d'animer cette grande pelouse pour inciter les enfants et les personnes âgées à sortir, à contempler ou à cultiver le potager-fleurs que j'ai créé, chacun à son rythme. C'est un merveilleux
stimulant pour la curiosité. »
Ce jardin est devenu un lieu de rencontre entre les générations petits et grands s'y retrouvent lors d'ateliers, de fêtes…
« Les personnes âgées qui vivent ici ont dû quitter leur maison et leur jardin, explique Elisabeth. Ce lieu leur permet de retrouver des repères et des souvenirs : l'héliotrope évoque le parfum d'une mère, un jasmin rappelle les goûters sous la tonnelle. Cela adoucit leur vie. ».
Et pour les résidents atteints de la maladie d'Alzheimer, le jardin est un véritable allié thérapeutique, leur permettant par exemple de retrouver des sensations olfactives.
En touchant la terre, on se reconnecte à un milieu vivant qui capte les énergies négatives." Anne Ribes, créatrice de jardins dans des hôpitaux.
Des cours pour les adultes
- Serres d'Auteuil 01 40 71 75 60.
- Jardiniers de France : 03 27 46 37 50.
ÉVEIL À LA NATURE DES ENFANTS :
- Jardin d'acclimatation de Paris : 01 40 67 90 82.
- Maison du jardinage de Bercy : 01 53 46 19 19 (aussi des cours pour les adultes).
- GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences) : 01 42 33 86 75. www.jardinons-alecole.org
- Institut Klorane : organise des journées botaniques, dans le cadre d'un projet pédagogique. 05 61 73 73 64.
merci pour tous ces conseils de jardinage , très intéressant.