Le PAM (programme alimentaire mondial) vient de tirer la sonnette d’alarme. Des millions d’Africains risquent d’être confrontés à des pénuries alimentaires parce que les pays donateurs n'ont pas respecté leurs promesses de financement.
En Afrique australe on aura probablement faim cet hiver. La semaine dernière, le programme alimentaire mondial (PAM) révélait que ses fonds se trouvaient « dans le rouge ». Sur les 118 millions de dollars promis à cette zone, seule la moitié a été versée ! L’agence de l’ONU, fondée en 1962 et qui vient en aide aux populations qui souffrent de la faim, a été contrainte revoir à la baisse les l’aide alimentaire distribuée. Ce sont plus de 4,3 millions de personnes menacées de famine, surtout des enfants, qui devront survivre jusqu’aux prochaines récoltes au printemps 2007.
Les réductions qu’ont subies les centres de nutrition mères-enfants, les programmes de nutrition scolaire et les patients traités pour le sida ou la tuberculose, ont été les plus dramatiques au Malawi, au Mozambique, en Namibie et au Swaziland. 75% des subventions, quand ce n’est pas la totalité du programme d’aide, ont été annulées. Le Lesotho, la Zambie, la Zimbabwe s’en tirent mieux. Seul un quart à un tiers des financements manquent à l’appel. Mais même un déficit de 30%, comme au Zimbabwe, a d’énormes conséquences : seuls 450 000 des 1, 4 millions d’habitants en péril seront assistés.
La population de ces pays est très vulnérable à la faim. Dans cette région, on trouve les taux d’infection de HIV les plus élevés au monde : 6 millions d’habitants sont porteurs de la maladie. Les thérapies antirétrovirales n'ayant pas d'effet sur un estomac vide, les personnes infectées sont des proies faciles pour la famine. Le sida a déjà fauché plus de 7 millions d’agriculteurs, ce qui a accentué d’autant la diminution des rendements agricoles, déjà mis à mal pas l’avancée du désert et les pratiques commerciales contestables des pays développés.
Moins médiatique que la crise politique et sanitaire au Darfour, les pays donateurs et leur opinion publique sont peu sensibilisés à ce problème. Ce qui explique, en partie, la faiblesse de leurs contributions, sachant que le PAM repose sur des dons volontaires, en argent ou en nature. En 2005, le premier contributeur était les Etats-Unis avec 1, 175 milliards de dollars. Ils sont suivis de loin par la Commission Européenne avec 263 millions de dollars. Malgré ces sommes conséquentes, les besoins de la planète ont été estimés, en 2006, à 3, 2 milliards de dollars. Fin octobre, le PAM n’avait engrangé que les 2/3 de la somme.