Comment arrêter de ronger ses ongles ?

Cette manie concerne 50 % des 5-15 ans et se prolonge souvent au-delà. Quelles sont les solutions pour réfréner cette mauvaise habitude ?

« Arrêter de me ronger les ongles ? Dur, dur ! En fait, ça fait plus de dix ans que je n'arrête pas d'arrêter ! » raconte Emilie, 28 ans. « Ce n'est pas faute d'essayer mais à la moindre contrariété, je replonge... comme une "fumeuse en manque » ! poursuit notre onychophage - L'onychophagie étant le nom donné à cette mauvaise habitude qui peut aller jusqu'à la pulsion profonde.

Ça démarre dès l'enfance

Cette manie débute en général tôt - la moitié des cinq- quinze ans est concernée - et après l'âge de dix ans, on l'observe surtout chez les garçons.

De nombreux enfants qui sucent leur pouce remplacent cette habitude par celle de se ronger les ongles. Exprimant un tempérament plus ou moins nerveux, l'onychophagie "permet de libérer les tensions grâce à un compromis entre l'agressivité (envie de mordre) et le plaisir oral (succion du doigt)" .

Si la majorité des adolescents perdent spontanément cette fâcheuse habitude, 5 % de rebelles", parmi lesquels on compte toujours une majorité d'hommes, resteront des onychophages à l'âge adulte.

Une prédisposition masculine qui s'explique par le fait que les femmes, plus coquettes, veulent l'être jusqu'au bout des ongles et, par conséquent, s'interdisent d'y toucher.

Les hommes, eux, moins soucieux de leur apparence, s'adonnent à leur pulsion sans de se scrupules, en tout cas d'ordre esthétique.

« Je sais que c'est affreux mais ce qui me gêne bien davantage c'est l'image que cela donne de moi : un grand nerveux refoulé qui s'en prend à ses doigts pour calmer ses angoisses et ses montées de stress ! » confie Jean-Luc.  Or, je travaille dans les finances et, dans ce milieu-là, mieux vaut avoir l'air de quelqu'un aux nerfs solides, non ? »

C'est moche... et cela abîme l'ongle

Certes, se ronger les ongles, c'est mauvais pour son image et ce n'est pas franchement glamour" ! Mais à part cela, quels sont les risques courus par les onychophages ? Que l'on se rassure : La menace "si tu te ronges les ongles, tu auras l'appendicite" n'est qu'une rumeur soigneusement entretenue par certains parents de petits onychophages !

En revanche, ce sont les ongles qui "dégustent" ! Car à force d'être constamment agressés, ils finissent par s'abîmer, même s'ils ne risquent pas de tomber ou d'arrêter de pousser. En fait, à force de repousser et de mordiller les petites peaux qui entourent l'ongle, la matrice (racine) de l'ongle repousse avec une rainure ou une tache blanche ; et les bords deviennent le nid d'infections viqles, type verrue ou panaris. D'autre part, l'onychophagie peut entraîner chez les enfants des complications au niveau bucco-dentaire (déformation du palais, mauvaise implantation des dents).

Sans compter les onychophagies très sévères, qui vont jusqu'à totalement détruire l'ongle, jusqu'à sa base.

Dans ces cas - certes rares - il est indispensable de consulter avant la destruction définitive de l'ongle.

Comment se prendre en main ?

Pour arrêter, c'est la motivation qui compte. Chez certains, la volonté suffira d'autres auront besoin d'une aide extérieure.

Pour ce faire, il existe des consultations spécialisées, en cabinet ou à l'hôpital : Dans un premier temps, le sujet tient un "carnet de bord", sur lequel il coche chaque fois qu'il se ronge les ongles. Une étape fondamentale pour que l’onychophage prenne conscience de son geste et exerce un auto- contrôle de son comportement.

Ensuite, il choisira un geste de substitution (par exemple, serrer son poignet) auquel il aura recours chaque fois qu'il ressentira l'envie de porter les doigts à sa bouche. « On voit souvent une sensible amélioration à ce stade du traitement, ce qui encourage le patient à poursuivre ses efforts et à vouloir complètement arrêter. »

Cette décision, prise avec le médecin, doit correspondre à une période calme : La période des vacances est en effet bien plus propice que celle des bilans de fin d'année de sa société !

Une fois la décision prise, reste à s'y tenir... En effet, "accros" à leur tic, les onychophages ont du mal à renoncer à cette "drogue" - certes douce. Ne vaut-il pas mieux se ronger les ongles plutôt que de fumer, boire ou prendre des médicaments ?

Pour réussir le "sevrage" et éviter les rechutes, le médecin propose à ses patients des rendez-vous tous les quinze jours ou tous les mois. Ce suivi régulier est indispensable car il apporte au patient, qui est fier de montrer les résultats de ses efforts, une gratification personnelle.

Et puis, des aides matérielles existent. Ces aides ne remplacent en aucun cas le processus de décision personnelle à l'initiative de l'arrêt. Il faut les prendre pour ce qu'elles sont.

D'utiles méthodes d'accompagnement qui ont toutes l'intérêt de rappeler que I on est en train de porter ses doigts à sa bouche. »

Parmi elles les produits répulsifs, au goût amer (très désagréable), incolores, avec lesquels on vernit. les ongles les petits pansements à placer au bout des doigts (bandelettes de soie autocollantes préfor les faux ongles. Préformés, on les fixe sur les ongles et on les lime à la forme souhaitée. Il faut compter une heure de pose (en institut) et les garder trois mois maximum pour éviter les risques d'intolérance (allergies).

De plus, pour fortifier les ongles et activer leur repousse, on recommande parfois des cures de gélules contenant des acides aminés (cystine), des vitamines, du fer, etc.

Et la part du psy ?

On l'a dit : Se ronger les ongles peut être source de gêne, voire de complexes vis-à- vis de l'entourage. Mais au-delà, c'est surtout le tempérament stressé, que cette manie révèle, qu'il faut s'appliquer à soulager. Comme certains ont des migraines à répétition, l'onychophage "a choisi" cette manie comme exutoire à une anxiété refoulée.

Or, une prise en charge psychologique lui permettra d'abord de la reconnaître et, ensuite, d'apprendre à la maîtriser.

Dans ce contexte, l'apprentissage des techniques de relaxation s'avère fort utile. C'est donc un suivi global qui doit être mis en œuvre pour donner à l'onychophage le maximum de chances de succès.

Car, si on retrouve un tempérament anxieux chez la majorité des onychophages, chaque cas reste particulier.

Ainsi, certains se rongent les ongles quand ils se concentrent ou sont très actifs, d'autres quand ils s'ennuient, d'autres encore quand ils sont contrariés, etc.

Il n'y a pas de solution miracle, mais à chacun de trouver celle qui lui permettra d'arrêter de se ronger... les sangs !

« Moi, depuis que j'ai rencontré ma fiancée, je suis heureux. Je me fais aussi moins de souci dans mon travail. Je me ronge moins les ongles et, cette fois, je crois que je tiens le bon bout ! », conclut Jean-Luc.  Foi de croqueur d'ongles !

La vie d'un ongle

Les ongles se développent de la neuvième à la vingtième semaine de vie intra-utérine ; présents dès la naissance, ils vont grandir avec l'enfant. A moins de les couper (ou de les ronger !), les ongles poussent à une vitesse moyenne de 0,51 mm par jour pour ceux des mains moitié moins pour les

Ainsi, la repousse complète d'un ongle de la main prend environ six mois, celui d'un orteil de douze à dix-huit mois,

Comme les cheveux dont ils ont le même constituant principal, à savoir la protéine kératine les ongles poussent plus vite en été et ce n’est pas parce qu'on les coupe souvent qu'ils repoussent plus vites.

A retenir pour arrêter de ronger ses ongles

  • Se ronger les ongles n'est pas forcément un signe de nervosité : Certains le font surtout quand ils s'ennuient.
  • La pratique d'un nouveau hobby, comme la guitare, peut vous aider en "occupant' vos mains autrement.

 

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