Certes, il faut baisser les charges des entreprises pour restaurer leurs marges. Mais côté placements, il faut aussi baisser les frais pour redonner de la performance aux épargnants. Messieurs les assureurs et les banquiers, êtes-vous prêts à jouer le jeu ?
La situation est grave
Cela fait belle lurette que les fonds en euros de l’assurance vie et des livrets n’affichent plus un rendement supérieur à 5 %. Côté immobilier, la rentabilité locative ne cesse de baisser.
Autre élément inquiétant : la décrue des flux de placements dans notre pays. Depuis 2007, les sommes versées sur les assurances vie, livrets et Sicav ont reculé de près de 50 %. Face à la chute des rendements et des flux d’épargne, la France pourrait se retrouver dans une situation de risque extrême.
Car si cette tendance déflationniste se poursuit, les flux pourraient se tarir demain. Avec des conséquences dramatiques pour le financement de notre économie...
Pourquoi donc ne pas réfléchir à un pacte de responsabilité et de solidarité version épargne, négocié entre professionnels et investisseurs particuliers ?
Une certitude : il faut faire des économies. Mais soyons bien clairs sur l’analyse et l’objectif... Qui apporte la richesse, qui finance l’économie ? Ce n’est pas l’industrie financière ! C’est l’épargnant.
Oui, il est urgent de redonner de la marge aux particuliers au lieu de voir cette dernière confisquée par les banquiers, assureurs et gestionnaires. Voici quelques idées simples, efficaces et indolores pour lancer le débat.
A quoi bon valoriser les Sicav au jour le jour ? C’est un peu comme les boîtes de médicaments de dix, quand seuls quatre cachets sont nécessaires. Moins valoriser revient à faire des économies en termes de coûts. Et en mettant de côté les aléas du quotidien, à revaloriser l’approche moyen-long terme. A redonner aussi des marges de manœuvre aux gérants.
A quoi bon pousser systématiquement l’assurance vie sur les placements en actions de la zone euro, alors que le plan d’épargne en actions (PEA) fait parfaitement l’affaire ?
Explication : l’assureur s’engage à vous restituer votre épargne après l’avoir fait fructifier. Pour protéger le client, la réglementation lui impose d’avoir des capitaux propres en face de ses engagements. Cela s’appelle la marge de solvabilité. Schématiquement, elle est de 4% sur le fonds en euros et de 1% sur les unités de compte.
Quand les assureurs vous disent de « quitter le fonds en euros pour aller sur les marchés via les unités de compte », ils gèrent un peu votre intérêt, mais surtout le leur. Car « unités de compte » égale pour eux moins de fonds propres et plus de frais perçus !
Donc des profits accrus. A contrario, avec le PEA, le besoin de fonds propres est de zéro. D’où des frais moindres pour le client. Et une performance supérieure.
« Ce n’est pas l’industrie financière qui soutient l’économie, mais les épargnants auxquels il est urgent de redonner de la marge.
De mon bureau, j’entends déjà les cris des associations professionnelles. « Moins de commissions, c’est moins d’emplois. Or, la finance est un gros employeur... » Constate Jean Francois Filliatre.
L’emploi et les métiers, parlons-en !
Aujourd’hui, en France, on sait vendre des produits financiers. Soit, mais sait-on conseiller le client ?
L’allocation d’actifs est le besoin majeur du client. Où investir ? Comment arbitrer ? Or ce métier d’allocataire d’actifs n’existe pas à destination des particuliers. Les conseillers bancaires se bornent à appliquer des grilles données par leur filiale spécialisée...
Rares sont les indépendants à se livrer à cet exercice. Et en proposant du Carmignac Patrimoine, produit diversifié historiquement performant, les conseillers en gestion de patrimoine se positionnent comme des commerciaux, non comme des allocataires d’actifs. Bref, il y a un métier à créer. Messieurs les professionnels de la finance, il serait temps d’accepter de collaborer, avec les clients, à un pacte de responsabilité et de solidarité.