Stimuler les points de l‘oreille pour atténuer les suites de traitements lourds : c’est ‘un des rôles de l’auriculothérapie, ou acupuncture de l’oreille.
Reconnue depuis 1987 par l’Organisation mondiale de la santé comme médecine traditionnelle et validée depuis par de nombreuses études scientifiques, elle laisse planer, malgré tout, une part de mystère. Des médecins de l’Institut Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif, établissement spécialisé en matière de lutte contre le cancer, nous en disent plus sur leur pratique de l’auriculothérapie.
« Je ne supportais pas la morphine ni aucun traitement »
« Rien ne venait à bout de mes douleurs suite au traitement de mon cancer du sein: chimiothérapie, ablation, radio, puis reconstruction du sein. Après les séances de radio, je ne pouvais plus bouger mon bras. Mais l’auriculothérapie a tout de suite amélioré mon état, raconte Chantal, 54 ans, patiente du Dr Sabine Brulé, médecin généraliste, attachée à la consultation de la douleur de l’IGR. Dès la première séance, j’ai retrouvé une certaine mobilité. Au bout de quatre séances, je pouvais effectuer les mouvements du quotidien. Depuis, j’ai complètement récupéré l’usage de mon bras. »
L’auriculothérapie n’est pas un traitement du cancer. Mais elle soulage les séquelles douloureuses chroniques provoquées par son traitement et qui peu vent être résistantes aux médicaments.
Comment ça marche ?
L’auriculothérapie se concentre sur tous les points réflexes situés au niveau du pavillon de l’oreille. Chaque pavillon renferme tout le territoire d’innervation du corps. Quand on stimule ces points, on agit sur les parties du corps correspondantes par l’intermédiaire du système nerveux.
Chaque pavillon de l’oreille est relié à la partie du cerveau opposé. Tous les messages sensitifs captés au niveau du corps remontent, via la moelle épinière, jusqu’au cerveau en passant par les pavillons des oreilles.
Efficace après une chimio
Les douleurs aiguës, chroniques et neuropathiques provoquées par les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) répondent très mal aux traitements médicamenteux.
Les patients ressentent des fourmillements, des brûlures, ou une impression de « peau cartonnée ». En piquant l’oreille, on redonne l’information et le patient retrouve sa vraie sensibilité.
L’auriculothérapie est aussi très efficace pour les problèmes de bouche sèche après une radiothérapie orientée dans cette région ou les vomissements dus à la chimiothérapie. Sans oublier la prise en charge du stress induit par la maladie, qui évite la surenchère médicamenteuse.
En pratique
On perce l’oreille avec des petits implants (“clous”). Leur nombre, d’un à dix en moyenne, varie en fonction de la pathologie et de son intensité. Ces petits “clous” vont tomber tout seul au bout de huit jours à trois semaines. Le plus souvent, les douleurs reviennent et il faut “réinduire”, c’est-à-dire repiquer les clous, au bout d’un mois. En général, trois séances à un mois d’intervalle sont nécessaires pour commencer, puis tous les trois ou six mois en fonction des besoins. « Si tout va bien, on ne touche à rien », précise le Dr Brulé.