La maniaco-dépression se caractérise par de graves troubles de l'humeur, mais ils peuvent être atténués récidives.
Les personnes maniaco-dépressives souffrent de fortes variations de l'humeur. Elles oscillent entre des phases maniaques (euphorie, mégalomanie...) et des phases dépressives (tristesse, apathie...) qui perturbent gravement leur quotidien et celui de leur entourage.
Le trouble bipolaire est d'autant plus difficile à vivre qu'il reste mal connu - il faut en moyenne cinq à dix ans pour obtenir le bon diagnostic - et les patients reçoivent souvent des traitements inadaptés. Ils sont dans une grande souffrance et se mettent en danger, car le risque de suicide est malheureusement élevé.
Quels médicaments ?
Pourtant, si la maladie est bien prise en charge, il est possible d'enrayer la spirale des récidives et des hospitalisations.
Cette prise en charge repose d'abord sur des médicaments, soit pour traiter un épisode aigu, soit pour éviter les rechutes.
- Le lithium reste le traitement de référence, lors d'une crise maniaque ou pour stabiliser l'humeur sur le long terme. Mais une surveillance est nécessaire (risque de problèmes rénaux...). En cas de contre- indication ou en l'absence d'amélioration, d'autres médicaments sont prescrits.
- Des anticonvulsivants, comme le valpromide : pour soigner les épisodes maniaques ou prévenir les rechutes.
- Des antipsychotiques atypiques pour traiter les crises maniaques. Et l'olanzapine peut aussi être indiqué en prévention des récidives.
- Des antidépresseurs en phase dépressive, ils peuvent être associés à un régulateur de l'humeur, mais doivent être employés avec précaution pour ne pas provoquer de "virages" de l'humeur.
« Le traitement doit être adapté au cas par cas, précise le Dr Christian Cay psychiatre. Pour renforcer son efficacité, on peut associer des médicaments, par exemple le lithium et un anticonvulsivant. Néanmoins, il faut en moyenne deux à trois ans pour obtenir une bonne stabilisation de l'humeur. »
Pour éviter les rechutes, les médicaments doivent être pris sur le long terme, voire à vie. Mais les patients ressentent souvent des effets secondaires (prise de poids, somnolence...), et ils sont tentés de tout arrêter lorsqu'ils se sentent mieux ou bien en phase maniaque.
Bien connaître sa maladie
« Pendant des années, je me suis soignée en pointillé, raconte Marie. Au début, les phases maniaques me paraissaient agréables, j'avais plein d'idées... mais mes crises sont allées jusqu'au délire. Aujourd'hui, j'ai vraiment pris conscience de ma maladie et je sais mieux la gérer. Si je sens une montée de l'humeur, j'évite au maximum le stress, car je sais que cela peut favoriser un épisode maniaque, tout comme le manque de sommeil. »
Etre bien informé sur ce trouble est indispensable à la réussite du traitement.
D'où l'importance d'une relation de confiance entre le patient, son médecin généraliste et son psychiatre, lorsque le diagnostic a pu enfin être établi. Suivre une psychothérapie peut aussi aider le patient à mieux lutter contre la maladie.
En outre, le soutien de l'entourage est essentiel pour repérer les signes d'alerte.
« Mon épouse me prévient si mon caractère s'emballe ou si je suis trop anxieux, car elle s'en rend compte avant moi, souligne Edouard. Mon traitement peut alors être aménagé, en diminuant ou en augmentant les doses. » A l'image de Marie, une prise en charge adaptée permet de grandes améliorations : « Il m'arrive encore d'avoir des hauts et des bas, mais c'est beaucoup moins fréquent et moins prononcé qu'avant. »